Trust Odyssey

Ce court-métrage a été écrit dans la période octobre novembre, à cette époque, j'étais une boule haineuse, envers tout le monde, et j'aimais ça. Une période sombre qui m'a marquée.

"Je suis mal, c'est vrai. Je n'aime pas grand monde, l'extérieur est néant et me pervertit davantage. Seul, je suis, et mes crayons et ma tête. J'avance seul, enfumé, des crétins sont autour de moi, mais eux, ferment les yeux. Je ne suis pas un artiste, j'ai 18 ans, mes pairs se pensent artiste et se trompent, ils mènent une vie de vices. L'alcool, les relations sociales, le travail, les études, la fuite continuelle. Je les méprise."

Ce court-métrage illustre cet état d'esprit. Plus bas, des explications. Regardez d'abord le court-métrage:

A chaque fois que je vois une production, j'ai envie qu'on m'explique le pourquoi du comment, les choix de mise en scène, etc..

Je m'essaye à l'exercice, c'est chaud:

J'ai voulu représenter le néant de cet "artiste":

- Sur la totalité du court-métrage, le son est minime, aucune parole (sauf la fin). Le personnage ne parle pas, j'aurais pu le faire monologuer pour expliquer au spectateur qu'il perd l'inspiration parce que abondance etc, mais personne ne fait ça. Un silence est plus parlant. Le silence, le néant.

- Une chose qui me dégoute, le train-train quotidien, il n'y a pas plus vide qu'une vie réglée ainsi (on est tous comme ça, essayez pas de faire genre). J'installe cette routine avec la succession de plans, le verre d'eau, allumer l'ordinateur, et puis c'est souvent le même axe qui est utilisé, la routine dans les plans en somme.

- Une chose est pour moi, le symbole du néant: l'ivresse. Il revient ivre lors de la dernière scène, et (pour faire un combo breaker) s'affale devant la télévision, cet homme non singulier est le maitre du rien.

Une autre thématique qui était dans ma tête à cette époque "l'abondance et la facilité castre la créativité de l'artiste":

- Dans la première scène, il a un accordéon à la main, on suppose qu'il sait en jouer; qu'il pratique de cet instrument. Il a du mal à le porter, c'est pas pratique. Il ne sait pas où le poser, face à l'abondance de place, l'artiste ne sait plus où ranger son moyen d'expression artistique. Dans la scène suivante, il revient avec une valise pour ranger l'instrument, il met du temps, et prend soin de bien fermer ce coffre. Il enferme ainsi son moyen d'expression dans une boite, invisible.

- Nous avons besoin de souffrir un peu pour pouvoir être créatif, c'est ainsi que je pense. Cet homme est certes pas dans le luxe mais n'a pas l'air de manquer de grand chose. Ici, le jeune homme, au bout d'un certain temps, peine à trouver l'inspiration, une vie trop simple, sans remous. Les cent pas, il piétine, ne sait plus quoi faire, perte de l'inspiration.

Le voilà assis par terre, télévision allumée, nu face à son néant, à son vide. Il est tétanisé. Que faire ? Rester et attendre, il est néant, n'existe pas. (cf sa disparition) Il se console dans l'ivresse.

-L'abondance et la facilité et l'intégralité de mon intention est transposé dans la grappe de raisin: "Le raisin symbolise l'abondance, le plaisir des sens, la jouissance et parfois aussi la luxure. Il est toujours lié à une notion de plaisir terrestre, d'exacerbation des sens." (dictionnaire psychanalytique des images et symboles du rêve) après coup, je remarque que l'aliment est dans la main gauche du personnage, la main du diable, agrippant le raisin, ça ne fait que renforcer le propos.

Merci d'avoir considéré mon court-métrage et mon explication, bonne route.